lundi 19 mai 2014

Les Européennes, des élections rigolotes (S14 E02)

Suite de la partie 1. C'était soit une pause entre les articles, soit un entracte avec des photos de chatons.

On parle des députés européens, leur vie, leur oeuvre, leur élection, leur avis sur le dernier Léa Seydoux, ne zappez pas, on revient tout de suite après une page de trépanation.

Et faut en choisir un, c'est ça ? Je peux voter Baudis, comme d'habitude ?

Euh, non, ça va pas être possible cette année. (Oui, j'ai honte. Pardon.) Je sais que Bruxelles sert souvent à recaser des politiciens en fin de carrière, mais là, ça va être compliqué.

En vrai, on va pas en choisir un, mais plusieurs.

Comme le reste de l'Union Européenne n'a pas été touchée par la grâce du scrutin majoritaire à deux tours avec cumul obligatoire (dont les bienfaits se font pourtant voir chaque mercredi après midi sur France 3), il a été sottement écrit quelque part que les eurodéputés devaient être élus à la proportionnelle (donc, que, en gros, si un parti faisait 19% et l'autre 18.5%, on n'allait pas juste filer tous les postes au premier. Je sais, y'en a qui ont des idées, des fois...)

Mais bon, pour éviter de faire simple, en France, on a fait de la proportionnelle "par petit bouts" (je sais, "petit bout toi même.") Au lieu d'élire nos 74 députés d'un coup, pour tout le pays, on a fait des grosses circonscriptions (et curieusement, dans ce découpage régional là, ça ne gène personne de mettre Nantes et Rennes dans le même panier) avec grosso modo une dizaine d'élu par circo (et comme il en restait un peu plus, on l'a mis en région parisienne, pour changer.)

Le calcul est un peu subtil (j'avais essayé de l'expliquer et de le coder il y a quatre ans - c'est vous dire si ça file.) Mais la morale est qu'il vaut mieux arriver premier ou deuxième, qu'à la rigueur le troisième va s'en sortir, et que même avec 15%, en quatrième place, vous aller commencer à en chier.

Bon, ce serait pas plus simple de juste choisir un chef, et il décide de tout ?

Hum, vous avez vu "L'Attaque des Clones", et la "Constitution de la Ve République", vous ?

En dehors de nos terres jamais vraiment remises de l'Ancien Régime, les gens ont l'habitude de faire des Parlements avec des coalitions, et de choisir un chef de Gouvernement qui saura faire voter des lois par des gens qui ne sont pas forcément, tout le temps, de son bord politique.

On appelle ça, "faire des compromis", et c'est souvent compliqué - car comme le dit le vieux proverbe bourguignon des soirs de noces : "compromis, chose dure". (Oui, J'ai re-honte.)

Dans l'Union Européenne, les Etats aiment bien garder le dernier mot (ce qui se comprends), et n'aiment pas trop se créer des emmerdes avec des hommes politiques plus puissants qu'eux. Donc, les députés élisent le Président du Parlement (qui sert à donner la parole et à chauffer le siège), et les Etats choisissent le Président de la Commission.

Or, Jacques Delors les ayant beaucoup embêté en son temps (il voulait "faire des trucs", le con), ils ont adopté une bonne technique qui consiste à choisir un type un peu transparent et à demander aux deux plus gros partis du Parlement (ceux qui viennent de se foutre sur la gueule pendant 1 mois) d'investir le type transparent (et de loin, on jurerait que c'est en remerciement d'avoir eu une place éligible sur les listes, et un salaire assuré sans trop de taf' pendant 5 ans.)

Les députés sont encore émus de leur victoire, veulent pas faire de vague, sont pressés de rentrer dans leur village briguer un mandat de chef de rayon poissonnerie, je sais pas, bref, ils disent "oui", même quand on leur propose Barosso.

Là cette année, c'est un poil plus tendu. Les partis se sont mis d'accord pour désigner officiellement des candidats. Sauf coup de théatre, le/la prochain(e) président(e) sera une personne dont vous auriez pu entendre la voix pendant l'élection (pour peu que vous ne soyez pas Français, puisque France Télévision a courageusement décidé de ne pas infliger à la ménagère la vue d'un Luxembourgeois ou d'un Belge à une heure de grande écoute.)

Je vous déçois tout de suite : ça ne devrait pas être Marine Le Pen, puisque, contre toute attente, les partis nationalistes n'ont pas réussis à se mettre d'accord avec des partis nationalistes, mais d'un autre pays, berk.

Mais alors on peut voter pour qui ? Blanc bonnet ou bonnet blanc, comme d'habitude ?

C'est là que cet élection est marrante : les frais sont moindres que pour d'autres scrutins, et niveau candidatures, c'est un peu "free for all".

Rien que dans le Sud-Ouest, on a 25 listes.

Je répète pour les fumeurs de bédos du dernier rang qui ne veulent pas voter parce que "personne ne me représente, moi, tu comprends".

25 - PUTAINS - DE LISTES

Il y a, bien sûr, des conservateurs, des centristes, des socialistes, des fachnationalistes, des écologistes.

Il y a comme d'habitude deux listes de coco (parce que la lutte des classes, c'est quand même mieux chacun de son côté.)

Il y a des fédéralistes. Des féministes. Des espérantistes.

Il y a des listes de "Nouvelle Donne" pour ceux qui n'aiment plus le PS, les listes de "Nous Citoyens" pour ceux qui n'aiment plus l'UMP, les listes du "Parti Pirate" pour ceux qui n'aiment plus EELV, et même des liste "Alliance Royaliste" pour ceux qui n'aiment plus les élections.

Et si vous êtes du genre à jurer que vous irez voter "le jour où on reconnaîtra le vôte blanc", et bien, d'une, maintenant, il est "reconnu", mais en plus, si vous insistez vraiment, y'a le "Parti du Vote Blanc" pour ça.

Indépendamment de toute opinion politique, ne pas aller voter à une élection pareille, c'est (comme ne l'a jamais dit Kafka), "un prodigieux manque d'imagination".

Si vous ne le faites par pour leur programme, faites le au moins pour leur porte-monnaie : passé 3% des suffrages exprimés, on leur rembourse les frais de campagne.

Et j'avoue que j'aime beaucoup cette infographie (probablement mathématiquement fausse) que n'arrêtent pas de retweeter les Pirates de ma timeline (et le Flying Spaghetti Monster sait qu'ils s'y connaissent, en "petit parti", vus qu'ils en sont à faire des accords avec les Verts :P )

(Extrait en CC-By-NC de ce blog)

Ouais, tu fais ça parce que tu milites, c'est ça ?

Même pas.

Et si j'ai envie de voter FN, hein ?

Ben, vas-y. Tu as le droit, profites.

Et si j'ai envie de voter UPR, hein, hein ?

Ben, vas-y, tu as le droit, profites.

Et si je ne veux pas cautionner ce système anti-démocratique qui refuse d'écouter la vrai voix forte des peuples opprimés par le carcan du...

Ben, ne vote pas. Après tout, si ce qui te convient le mieux pour manifester ta colère populaire fondamentale, c'est le silence, be my guest, je ne t'interdis pas de te taire, au contraire. Continue.

Ouais, c'est ça, c'est super-condescendant, comme argument, ça

Même pas !! Vraiment, faites ce que vous voulez, je donne mon avis parce que ça m'amuse, et que c'est bientôt les vacances.

En plus, c'est probablement truffé de conneries, ce que je raconte, alors ne vous billez pas pour moi.

Je peux pas en vouloir aux gens qui vont s'abstenir parce que c'est trop compliqué, qu'ils hésitent, qu'ils ont peur se faire embrigader, avoir, etc...

J'ai juste tendance à trouver le principe de précaution un peu spécieux quand on encore la chance de pouvoir aller voter sans trop d'intervention de la CIA ou de l'armée Russe.

De toute façon, je serais déçu dimanche ; la dernière fois que j'ai "gagné" une élection, c'était pour choisir la garniture des pizzas (et encore, y'a un relou qui a attendu qu'on soit livré pour se plaindre qu'on avait pris des anchois, ça a pourri l'ambiance. C'est toujours pareil, avec les abstentionnistes.)

Et quand bien même, vous me trouvez condescendant, soit, mais, je vous le demande :

L'ai-je bien condescendu ?

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